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9 juillet 2012 1 09 /07 /juillet /2012 16:34

Versets Oniriques 11

 

 3 Octobre 22H47 (Amante-Religieuse)

 

C'est la nuit , c'est la nuit et c'est Paris . Les Champs-Élysées sont plus alléchants le soir à la faveur des néons et des lumières tamisées des agences-drugstores  que dans la journée , question d'éclairage .... ; Elle déambule sur l'avenue encombrée par la foule d'un vendredi  au sortir des bureaux . Elle déambule , elle se sent seule , seule comme une femme peut l'être parfois .

Elle a un corps qui rendrait fou n'importe quel mâle . Elle se sait désirable mais non désirée à l'instant présent . Elle sait la  douceur de son sexe  volontairement nubile .... . Elle voudrait être ailleurs , oui !  ailleurs et être une autre , très loin , mais surtout pas elle , pas ici , pas ce soir . 

Ses pensées l'encombrent , se bousculent , elles l'épuisent . Alors , elle fait le vide la-haut  , elle lève le nez au vent , elle avance : trois pas ici , deux là , ça n'a pas d'importance . Elle sourit à un étranger qui passe , il se retourne et lui rend son sourire et bizarrement , ça "déclic" dans sa tête . Elle se traite d'imbécile... c'est tellement évident qu'elle n'y avait même pas songé : elle s'ennuie .

Vite , elle se trouve une idée pour y remédier , une idée folle , de préférence :c'est bien plus excitant. 

Elle accélère sa foulée . Un peu plus loin , elle franchit un carrefour et se retrouve là où l'ombre est plus épaisse , les arbres plus touffus , et les passants plus rares . À la lisière des buissons ,

elle remarque d'élégantes dames auprès desquelles des voitures stationnent où s'éloignent furtivement . Elle se lance , elle affecte une moue dédaigneuse , une sorte de mépris doucereux avec un brin d'ironie aux coins des lèvres . Elle ne salue pas les galantes qui l'observent , elle les

dépassent : -"Allez !...., encore quelques mètres ... " se dit-elle .

Voilà , cette fois c'est pour de bon , elle y est ! ... . La tête lui tourne de toute cette orgie d'audace ,

ses jambes la portent à peine , elle a la chair de poule , mais dans l'ensemble , elle donne le change .

Elle pose un pied sur le pavé de la chaussée , l'autre reste sur le trottoir . Elle incline son visage 

de côté dégageant ainsi sa nuque et la courbe de l'oreille : elle sait mettre en valeur son profil ,

sa coupe à la Louise Brooks lui va à ravir ... . Sa jupe courte sous son tailleur , avec le manteau ouvert , laisse entrevoir des bas fumés gris-souris . Ils lui montent à mi-cuisse et adhèrent à sa peau

par un  large élastique aussi ouvragé qu'une jarretière d'antan . Cela l'amuse : c'est tout

aussi efficace que des cuissardes ou des portes jarretelles pour ce qu'elle se propose de faire ;

ça lui donne du coeur à l'ouvrage , comme on dit . L'instinct la guide : déjà elle a levé le bras ,

une main en appuie sur la hanche ,  écartant un peu plus le pan de son manteau . 

Une grosse BMW aux vitres teintées roulant à faible allure ralentit à sa hauteur puis la dépasse en accélérant légèrement . Elle croît entendre des  soupirs de soulagement  et des quolibets incisifs de la part des 'concurrentes' qui baguenaudent un peu plus loin dans une contre-allée .

Elle s'en moque : l' audace ne ressemble pas à de la lavande  propre , on en renifle le fumet  comme un chien ou on laisse  tomber .

La BM fait brusquement demi tour au rond-point et freine en fasse d'elle , échec anticipé... .

Bourdonnement ténu , ronron feutré du moteur , elle s'approche . La glace abaissée côté passager  lui révèle les traits d'un homme d'un certain âge , plutôt 'quinqua' , tempes grisonnantes , teint hâlé ,

dents blanches . Il lui sourit en jetant sur elle un oeil carnassier , en connaisseur !...:-"Bonsoir "

-"Bonsoir. Vous montez ? , j'offre le champagne , c'est pour la nuit ...! , combien...?!"

L'estomac en compote , elle ne flanche pas . Elle monte et répond tout à trac :"D'accord pour le champagne , c'est mille euros , sinon deux-cent-cinquante la passe et cent la pipe , mon chou !"

Le type doit-être plein aux As , il ne tique même pas . Il lui ouvre la portière , elle s'assoit :

le culot l'emporte sur un certaine écoeurement qui traque sa conscience , et la trouille aussi .

La voiture s'élance , elle en apprécie le confort : le moelleux des sièges lié à l'odeur du cuir neuf .

Elle se détend , Barney Wilen le saxophoniste passe à la radio , elle se délecte de ses rythmes endiablés . Elle relève sa jupe juste ce qu'il faut pour que gars apprécie ce à quoi il a droit .

Elle porte une petite culotte de soie , très douce à l'épiderme , une chance . Lui , tout en conduisant ,

glisse une main entre ses cuisses et masse onctueusement la boursouflure qu'elle lui dévoile ,

ça l'excite pas , ça l'électrise . Elle mouille , celui-là en aura pour son argent et même un peu plus... .

Elle aimerai lui laisser un souvenir impérissable , que dans la jouissance il soit totalement à sa merci ,sinon , qu'il crève ce porc ... . Elle ressent à cet instant une sensualité sans bornes , apanage de son sexe ,qui l'élève autant qu'elle la rabaisse . Ce soir , elle ne sera plus seule à en faire les frais. 

Elle souhaite  assouvir sa soif de puissance : le plaisir des hommes est une drogue dont elle se repaît : cette nuit , le "cul" sera gratuit pour elle . L'automobile ralentit , elle stoppe devant une grille épaisse aux motifs tarabiscotés  dont les panneaux coulissent dans un chuintement feutré . 

Ils pénètrent dans les lieux . La résidence est superbe : des plantes partout , des massifs de fleurs , des fontaines éparses dont l'eau se déverse en cascades dans des vasques de pierre brute .

Il lui ouvre la portière , lui tend un bras pour l'aider à descendre ...: un vrai gentleman.

Ils accèdent à  l'étage par un ascenseur  privé à combinaison vocale débouchant directement dans

les appartements . Des baies panoramiques permettent d'admirer le paysage étendu à leurs pieds :

l'Ile Saint-Louis , la Cathédrale ,  la ville et ses fards . Elle se rappelle qu'elle n'est pas là pour ça .

Son regard se pose sur une bibliothèque massive croulant sous des ouvrages précieux puis revient

sur son hôte , s'attarde , porteur de promesses . Il lui propose de prendre un bain , il ajoute :

-"Pour vous délasser , la deuxième porte à  gauche au fond du couloir . Vous ne pouvez pas vous tromper !". Elle se retrouve en face d'une baignoire ronde à peine plus grande que son studio...:

elle aurait dû demander d'avantage . Elle s'approche du lavabo , se regarde dans le miroir , se tire la

langue puis elle ouvre les robinets à fonds . Elle regarde le liquide s'engouffrer à grande vitesse par le trou à demi-masqué de la bonde . Elle ne se lave pas , elle n'en a pas besoin . Elle se contente d'ôter ses vêtements : les escarpins d'abord , puis les bas .

C'est logique de commencer par les bas : dans ces circonstances , les hommes sont toujours pressés et le haut se palpe souvent à titre accessoire . Elle est nue maintenant . Elle passe sa langue sur un doigt  qu'elle humecte de salive pour relever un cil rebelle .

"C'est  bien moi" se dit-elle ,et elle pouffe , un peu nerveuse , le trac sans doute . Elle referme les robinets , il n'est plus temps de retarder l'inéluctable : après tout , elle est payée pour ,-"En avant !".

Il l'attend allongé sur un lit à damiers , dans la tenue d'Adam . Il bande pour elle , l'ampleur de sa turgescence la flatte autant qu'elle la répugne . Le regard de son 'client ' s'attarde sur ses formes , admiratif ...! . Il l'invite à boire une coupe , une enveloppe est posée sur le guéridon à côté du sceau à champagne  :-"c'est pour vous , comptez si ça vous chante ! Elle :-"J'ai confiance . Vous avez des capotes ?! " ; Lui :-"Sous l'enveloppe !". Elle a de la chance , elle a affaire à un monsieur prévoyant .

Elle aurait pu tomber sur un dingue , un maniaque du rasoir qui lui aurait fait la peau : un peu plus rapide que le sida , plus sale aussi et douloureux... ;

Elle soupèse l'enveloppe , l'écarte , saisie un préservatif de marque japonaise , 'first qualité'.

Elle s'assied sur le lit à côté de la proéminence . D'un coup de dents précis , elle déchire l'emballage

pour en extraire le latex huileux ; il la regarde faire... : il ne peut guère plus sans que son engin explose . D'une main soudain devenue experte , elle caresse son membre du tranchant de l'ongle ,

de haut en bas puis de bas en haut jusqu'au sommet du gland , son corps s'arque , il gémit .

Elle penche la tête , effleure son érection de la pulpe de ses lèvres , de la pointe de sa langue :

c'est une déesse de l'amour , une technicienne hors pair plus qu'une "pro", normal , ça la fascine...;

Elle décide de ne pas le faire languir plus longtemps . Elle enfile le sexe masculin dans le latex puis  en un coup de hanche , se retrouve empalée sur cette virilité qu'elle chevauche . Elle le prend ainsi

sous son ventre , ondulant d'avant en arrière en rapides mouvements sinueux du bassin . 

Il halète , grimace , enferme ses hanches à elle dans ses paumes , les doigts crispés dans ses chairs autour de sa taille . Une dernière ondulation le secoue et il répand sa semence  par saccades .

C'est fini...elle est déjà sous la douche , comme dans un rêve . Un peu plus tard , habillée de la tête aux pieds , les cheveux encore humides , elle sable le champagne . Tout en trinquant , elle se dit qu'il n'est pas nécessaire de se prostituer pour  être une pute ; elle le savait déjà : dans son genre ,

elle serait plutôt une alchimiste des sens où une acrobate de cordes raides .

L'homme s'est montré très prévenant , il la laissé partir avec la promesse de la revoir bientôt , elle plus qu'aucune autre ... ; Il lui a donné sa carte et appelé un taxi . En bas de l'immeuble , elle se trouve lasse sur le trottoir . Le macadam est chagrin sous la bruine , sans doute la résultante d'un épuisant combat entre le corps et l'âme . Le taxi arrive , elle monte :-"Bonsoir , je voudrais me promener dans Paris , ensuite déposez-moi devant ma porte !". 

Elle claque la portière , le taxi  l'emporte : s'il ne s'était pas trouvé là , elle aurait peut-être jeté les billets dans le premier égout venu et  suivi la Seine à  pieds pour rentrer chez elle .

En chemin , dans le crépuscule de son insomnie , elle revoit un visage emporté par le temps...;

Elle aimait alors poser  sa nuque sur cette épaule en écoutant du blues dans ce petit café où il venait si souvent pour l'attendre ; Un soir dans son absence trop longue , elle avait suivi deux adonis gravant avec eux dans son corps les sceaux de Babylone pour ne plus revenir .

Le taxi fatigué l'extrait gentiment de sa rêverie ...:-"Je vous dépose bientôt où vous continuez la ballade ?!", -"Non , arrêtez-vous et laissez moi là , c'est parfait ! ". Elle lui tend un billet craquant ,

flambant neuf : -"Vous pouvez garder la monnaie . Au-revoir monsieur et merci pour la course , merci pour tout !... ". Longeant les quais , elle rentre à petits pas dans le jour qui se lève .

 

 

 

 

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