Versets Oniriques - 9
4 Août 15H00 (De La Neige Sur Les Bas - 'Nous')
Elle déhanche sa croupe dans un flot d'impudeur , libre de toutes entraves à présent que les liens sont relâchés ; Sa cheville fine à la peau mordorée prolonge allègrement l'élégance d'un pied aux ongles peints dans une sandale lacée de cuir vernie . Je lui flatte son intimité de mes doigts agiles tandis que mes lèvres caressent onctueusement la courbe de ses seins ; Ma langue s'attarde sur leurs boutons d'amour , ma gorge en aspire le suc avec délice ; Elle ne veut pas venir , pas comme ça !...... . Encore maîtresse de ses sens , elle voudrait choisir le moment . Je le sais, je le sens , Je m'en moque . Je la taquine et d'un dernier mouvement du bassin ,
je m 'insinue en elle au plus profond . Je l'a prend toute entière , goulûment pendant qu'elle geint et continue de jouir presque au seuil de la douleur : on demanderait grâce . J'ouvre les yeux , les paupières gonflées par trop de sommeil , encore ce rêve.... . Mal réveillé , je m'assois sur le rebord matelassé les jambes pendantes , me passe la main sur le visage comme pour en extraire les restes de ma nuit . Je contemple la pair de bas qu'elle a laissé traîner sur le montant du lit la veille de son départ : elle ne reviendra plus . Une rupture définitive se consomme avec aridité . Je me sens aussi fragile dans mes sentiments que les caresses intimes de ma femme sur mon corps dans son désir de "Nous", comme tout homme je suppose...mais çà , c'était avant..... .
Je veux dire avant qu'elle ne s'en aille , qu'elle abandonne la partie faute de perspectives : on ne vit qu'une fois n'est-ce pas ? ; Son absence me hante , elle me laisse pantelant sur le versant escarpé de mon amour : ce mélange d'émotions , d'envies inavouables , de secrètes espérances tortueuses , coincées au fond ma gorge tel un épis de maïs que j'appelle 'Solitude'. Plus tard , bien plus tard , elle me hantera encore , je le sais déjà , je l'accepte : il n'y a pas d'autre choix... . Son absence passera peut-être... . Je me lève , passe dans la salle de bain , vais au lavabo , frotte mon sexe contre la faïence à travers la toile de mon pyjama jusqu'à la venue d'une érection douloureuse qu'elle ne consommera pas . Quand tout est rentré dans l'ordre , presque tout , je prends le bâton de rouge à lèvres qu'elle a oublié sur la tablette en bois de la salle d'eau , le décapsule puis trace son nom en lettres de feu visqueux sur le miroir qui me fait face : le nom d'une femme aux bas chromés en armure à talons . Bizarrement , je n'ai plus le goût de la chasse.... ; Je serai donc sans doute , désormais , un gibier pour toutes celles qui passent , traversent ma vie et veulent bien s'arrêter . J'ai changé de camp sans m'en apercevoir, je serai toujours fidèle à la dernière rencontrée.... . Je me dirige vers la fenêtre , attrape en passant les clefs de cette maison traînant sur la table et les balance violemment vers le ciel : à quoi servent des portes ?! . Je m'habille rapidement , je vais faire un tour en ville . Je ne supporte plus ces murs , ils m'encombrent avec leur mémoire toute fraîche , leur impartialité... . Ils me triturent les nerfs , leur silence m'écorche, je les hais ... . Je me sauve : je ne sais que faire de ces ruines en devenir , à part des cimetières où flâner les dimanches .
Je sort les mains dans les poches , mon coeur voudrait se calciner au soleil dans la canicule ravageuse de ce foutu été , qu'il n'y ait plus rien à brûler . Il fait tiède , l'affligeante banalité de ce temps hors saisons contrarie ma peine . Je ramasse un caillou dans l'allée et le lance sur le chien du voisin attaché à sa longe : les anges eux-même parfois font des choses terrestres .....;
Je porte la main à la poche intérieure de ma veste et en retire une lettre que je lui avait écrite après sa première nuit dans mes bras . Le papier est brillant à cause de l'usure . Je l'ouvre malgré moi . La feuille se morcelle un peu plus avec mes rêves froissés livrées à tous les vents , s'envolant malgré eux , existant malgré elle.... ;
-"L'amour de vôtre regard est plus loin , me disiez vous ,
que votre aujourd'hui .
Entre avec moi obscure ,
Accepte par la brèche
Ton cri de faim .
Seul le consentement donne accès ."
Es-tu
L'émoi des rennes en mes pensées
Remuant la neige pour y brouter ,
l'inexplicable
Es-tu
Ces pas de sauvagine en ma mémoire
Fouillant le givre pour y cueillir
l'inaltérable
Es-tu
Perce-coeur en ma saison
Ma revenante d'outre-futur .
Les anges ,
Leurs mains ne sont pas manuelles ."